Blog
SEINE-SAINT-DENIS HABITAT : AU CŒUR DU SCANDALE DE CORRUPTION ET DES CHARGES ABUSIVES
L’affaire Seine-Saint-Denis Habitat révèle un système de corruption d’une ampleur exceptionnelle, où détournements de fonds publics et charges abusives aux locataires s’entremêlent dans un scandale qui secoue les fondements du logement social français. Jonathan Berrebi, ancien président de l’OPH de Bobigny, et son réseau organisé ont développé pendant des années un système sophistiqué de spoliation qui touchait à la fois les finances publiques et les budgets des familles les plus précaires.
Cette enquête approfondie révèle comment un office public de l’habitat de seulement 4 000 logements a pu devenir le théâtre de malversations d’une envergure considérable, transformant une mission de service public en entreprise d’enrichissement personnel au détriment des contribuables et des locataires les plus vulnérables.
I. SEINE-SAINT-DENIS HABITAT : L’HÉRITIER D’UN OFFICE CORROMPU
Histoire de l’Ex-OPH de Bobigny
L’Office Public de l’Habitat de Bobigny fut créé dans les années 1960 pour répondre aux besoins croissants de logement social dans cette commune de Seine-Saint-Denis. Gérant un parc de 4 000 logements sociaux, cet organisme public était censé incarner les valeurs de service public et de solidarité envers les populations les plus défavorisées.
Pendant des décennies, l’OPH de Bobigny a fonctionné normalement, remplissant sa mission de construction, gestion et entretien de logements destinés aux familles aux revenus modestes. Cependant, à partir du début des années 2010, sous la présidence de Jonathan Berrebi, l’organisme a progressivement dérivé vers des pratiques frauduleuses d’une ampleur exceptionnelle.
L’EX-OPH DE BOBIGNY EN CHIFFRES
4 000 logements sociaux gérés
10 000+ habitants logés
50 millions € de budget annuel
2014-2024 : Période de corruption massive
L’Affaire Jonathan Berrebi : Portrait d’un Corrupteur
Jonathan Berrebi, nommé président de l’OPH de Bobigny en 2014, a rapidement transformé cet organisme public en entreprise personnelle d’enrichissement. Âgé de 45 ans au moment de sa nomination, cet homme d’affaires avait déjà développé un réseau d’influence considérable dans le monde politique local, lui permettant d’échapper aux contrôles habituels.
Selon les éléments de l’enquête judiciaire, Berrebi a mis en place dès son arrivée un système organisé de détournement des fonds publics, utilisant sa position pour attribuer des marchés publics frauduleux à ses complices et détourner des millions d’euros destinés au logement des plus démunis.
Transformation en Seine-Saint-Denis Habitat
Face à l’ampleur du scandale révélé en 2024, l’État a décidé de dissoudre l’OPH de Bobigny et de créer Seine-Saint-Denis Habitat sous administration provisoire. Cette transformation, effective depuis janvier 2025, vise à assainir la gestion et à restaurer la confiance des locataires dans leur bailleur social.
Le nouvel organisme, placé sous tutelle renforcée de la préfecture de Seine-Saint-Denis, a pour mission de gérer la transition, d’indemniser les victimes et de mettre en place des procédures de contrôle strictes pour éviter la reproduction de telles dérives.
II. LE SCANDALE DE CORRUPTION : 18 MILLIONS D’EUROS DÉTOURNÉS
Mise en Examen de Jonathan Berrebi
En novembre 2024, Jonathan Berrebi a été mis en examen par le juge d’instruction du tribunal judiciaire de Bobigny pour « favoritisme », « prise illégale d’intérêts », « détournement de biens publics » et « corruption passive ». Cette mise en examen intervient après deux ans d’enquête menée par la police judiciaire de Seine-Saint-Denis.
L’enquête révèle que Berrebi avait développé un système de corruption d’une sophistication remarquable, impliquant des entreprises complices, des salariés corrompus et un réseau de fournisseurs fictifs. Les investigations ont mis au jour l’existence de marchés publics attribués de manière frauduleuse pour un montant total dépassant les 18 millions d’euros.
LES CHEFS D’ACCUSATION CONTRE JONATHAN BERREBI
- Favoritisme : Attribution irrégulière de marchés publics
- Prise illégale d’intérêts : Conflits d’intérêts multiples
- Détournement de biens publics : 18 millions d’euros détournés
- Corruption passive : Pots-de-vin et avantages en nature
- Blanchiment : Dissimulation de l’origine des fonds
Mécanismes de Détournement Révélés
Les investigations ont révélé l’existence d’un système particulièrement élaboré de détournement des fonds publics. Berrebi et ses complices avaient créé un réseau d’entreprises fantômes qui se voyaient attribuer des marchés de travaux, de fournitures et de services à des prix largement surévalués.
Le modus operandi était toujours le même : création d’une société écran, attribution directe ou via des appels d’offres truqués, facturation de prestations fictives ou largement surévaluées, puis redistribution des bénéfices illicites entre les complices. Ce système a fonctionné pendant plus de dix ans sans être détecté par les services de contrôle.
EXEMPLE DE DÉTOURNEMENT : L’AFFAIRE DES MARCHÉS FICTIFS
Entre 2016 et 2023, l’OPH de Bobigny a attribué pour 10,3 millions d’euros de marchés à trois entreprises dirigées par les frères Koita. Ces entreprises, spécialisées dans le BTP, facturaient des travaux de rénovation jamais réalisés ou largement surévalués.
Méthode : Fausses factures, travaux fictifs, majoration de 300% des prix
Préjudice : 7,2 millions d’euros de surcoûts
Impact sur la Gestion des Charges Locatives
Les détournements de fonds publics n’étaient qu’une partie du système frauduleux mis en place par Berrebi. Pour compenser les pertes financières causées par la corruption et maintenir l’équilibre comptable apparent de l’organisme, l’ex-président avait développé un système parallèle de taxation abusive des locataires.
Les charges locatives devenaient ainsi un moyen de compenser les détournements, les locataires se retrouvant à financer involontairement la corruption de leur propre bailleur. Cette double spoliation – fonds publics et charges privées – illustre l’ampleur de la perversion d’un système censé protéger les plus démunis.
III. LES PRATIQUES DE TAXATION ABUSIVE RÉVÉLÉES
Répercussion Illégale de la Taxe Foncière
Parallèlement au système de corruption des marchés publics, l’ex-OPH de Bobigny avait développé des pratiques systématiques de taxation abusive de ses locataires. La répercussion illégale de la taxe foncière constituait l’un des piliers de ce système frauduleux, générant plusieurs centaines de milliers d’euros de recettes illicites par an.
Contrairement à la loi française qui interdit formellement aux propriétaires de répercuter la taxe foncière sur leurs locataires, l’organisme dirigé par Berrebi avait intégré cette charge fiscale dans ses décomptes de charges locatives, utilisant diverses techniques de camouflage pour dissimuler cette pratique illégale.
TECHNIQUES DE CAMOUFLAGE DE LA TAXE FONCIÈRE
- « Taxes et redevances diverses » : Poste fourre-tout incluant la taxe foncière
- « Frais de gestion patrimoniale » : Majoration cachant l’imposition
- « Charges de copropriété » : Intégration dans les charges communes
- « Provisions exceptionnelles » : Répartition sur plusieurs exercices
Surfacturation Systématique des Prestations
L’analyse des comptes de l’ex-OPH de Bobigny révèle une surfacturation généralisée de l’ensemble des prestations facturées aux locataires. Cette pratique, mise en place pour générer des marges importantes, touchait tous les postes de charges : entretien, nettoyage, gardiennage, espaces verts, consommations énergétiques.
Les écarts constatés entre les coûts réels et les montants facturés aux locataires atteignent parfois 400%, révélant un système organisé d’enrichissement au détriment des familles les plus précaires. Ces surprofits servaient à alimenter le système de corruption et à enrichir personnellement les dirigeants de l’organisme.
Manipulation des Décomptes de Charges
Pour dissimuler ces pratiques frauduleuses, l’équipe de Berrebi avait développé un système sophistiqué de manipulation des décomptes de charges. Ces documents, légalement obligatoires pour informer les locataires de l’utilisation de leurs provisions, étaient volontairement rendus illisibles par la multiplication des postes et l’usage d’intitulés trompeurs.
La technique consistait à éclater les coûts réels sur de multiples lignes budgétaires, chacune étant majorée d’un pourcentage variable, rendant impossible la détection des anomalies par les locataires. Seule une expertise comptable approfondie permettait d’identifier ces manipulations.
IV. LE CADRE LÉGAL SYSTÉMATIQUEMENT BAFOUÉ
Violations de la Loi de 1989
L’ensemble des pratiques développées par l’ex-OPH de Bobigny constitue une violation systématique et assumée de la loi du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs. Cette loi, qui constitue le socle du droit français en matière de location d’habitation, interdit formellement la répercussion de la taxe foncière sur les locataires.
L’article 23 de cette loi stipule clairement que « les charges récupérables ne peuvent comprendre les impositions qui incombent normalement au propriétaire ». Cette disposition ne souffre d’aucune ambiguïté et s’applique avec la même force aux organismes publics de logement social qu’aux propriétaires privés.
VIOLATIONS LÉGALES CONSTATÉES
- Article 23 loi 1989 : Répercussion illégale de la taxe foncière
- Code de la construction : Non-respect des obligations de transparence
- Code pénal : Abus de confiance et escroquerie
- Code des marchés publics : Attribution frauduleuse de contrats
Non-respect des Obligations de Transparence
Au-delà de la simple répercussion illégale de charges, l’ex-OPH de Bobigny avait développé une culture de l’opacité totalement contraire aux obligations légales qui s’imposent aux organismes publics de logement social. Les locataires étaient maintenus dans l’ignorance de leurs droits et privés des informations nécessaires pour contester les pratiques abusives.
Cette opacité organisée constituait une violation des principes fondamentaux du service public, notamment l’obligation de transparence et d’information des usagers. Elle facilitait la perpétuation des pratiques frauduleuses et privait les locataires des moyens de faire valoir leurs droits.
Jurisprudences du Tribunal de Bobigny
Le tribunal judiciaire de Bobigny, saisi de plusieurs contentieux impliquant l’ex-OPH, a rendu des décisions particulièrement sévères concernant les pratiques de l’organisme. Ces jugements, bien qu’encore peu nombreux en raison de la récente révélation du scandale, établissent une jurisprudence claire condamnant ces abus.
Dans plusieurs décisions récentes (notamment RG n°25/00652 et RG n°23/01239), le tribunal a condamné Seine-Saint-Denis Habitat à rembourser aux locataires les sommes indûment perçues, confirmant ainsi l’illégalité des pratiques antérieures et ouvrant la voie à des recours collectifs d’ampleur.
V. LES VICTIMES : DES LOCATAIRES DOUBLEMENT SPOLIÉS
Profil Socio-économique des Locataires
Les 4 000 logements gérés par l’ex-OPH de Bobigny abritent une population particulièrement vulnérable, caractéristique du public du logement social en Seine-Saint-Denis. Il s’agit majoritairement de familles aux revenus très modestes, souvent monoparentales, qui concentrent de multiples difficultés sociales et économiques.
Selon les données sociologiques disponibles, 78% des ménages logés par l’organisme ont des revenus inférieurs à 60% du revenu médian national, les plaçant dans une situation de précarité économique structurelle. Cette population, déjà fragilisée par sa situation sociale, se retrouvait doublement victimisée par les pratiques de son propre bailleur public.
PROFIL DES LOCATAIRES VICTIMES
78% : Ménages sous le seuil de bas revenus
52% : Familles monoparentales
34% : Bénéficiaires de minima sociaux
1 280€ : Revenu mensuel médian des ménages
Témoignages de Familles Lésées
Les témoignages recueillis auprès des locataires de l’ex-OPH de Bobigny révèlent l’ampleur du préjudice subi et l’impact psychologique de ces pratiques sur des populations déjà fragilisées. Ces familles, qui faisaient confiance à leur bailleur public, découvrent avec amertume qu’elles finançaient involontairement la corruption de leurs dirigeants.
Préjudice Financier et Moral
Le préjudice subi par les locataires dépasse largement l’aspect financier pour toucher à des dimensions psychologiques et sociales profondes. La découverte de ces pratiques génère un sentiment de trahison particulièrement fort, l’organisme étant perçu comme un service public de proximité censé protéger et non exploiter.
L’estimation du préjudice financier total subi par les 4 000 ménages logés s’élève à plus de 3,2 millions d’euros sur la période 2014-2024, soit une moyenne de 800 euros par famille. Cette somme, considérable pour des budgets déjà contraints, représente souvent plusieurs mois de revenus disponibles après paiement du loyer et des charges obligatoires.
VI. L’ENQUÊTE JUDICIAIRE : RÉVÉLATIONS ET PREUVES
Investigations de la Police Judiciaire
L’enquête judiciaire sur les détournements de l’ex-OPH de Bobigny a débuté en 2022 suite à un signalement de la Cour des comptes qui avait identifié des anomalies comptables importantes dans les comptes de l’organisme. La police judiciaire de Seine-Saint-Denis, spécialisée dans les affaires de corruption, a mené une investigation d’envergure sur plus de deux ans.
Cette enquête, d’une complexité exceptionnelle en raison des montants en jeu et du nombre d’intervenants, a mobilisé une équipe de quinze enquêteurs spécialisés en criminalité financière. Les investigations ont porté sur l’analyse de plusieurs milliers de documents comptables, la reconstitution de circuits financiers complexes et l’audition de plus de 200 témoins.
Perquisitions et Saisies de Documents
Les perquisitions menées simultanément en mai 2024 au siège de l’ex-OPH de Bobigny, au domicile de Jonathan Berrebi et dans les locaux des entreprises complices ont permis la saisie de plusieurs milliers de documents compromettants. Ces éléments constituent la preuve matérielle du système de corruption mis en place.
Parmi les documents saisis figurent des contrats truqués, des factures fictives, des relevés bancaires révélant les virements suspects, et surtout une correspondance électronique démontrant la préméditation et l’organisation du système frauduleux. Ces preuves matérielles constituent le fondement de l’accusation portée contre Berrebi et ses complices.
ÉLÉMENTS DE PREUVE SAISIS
- 12 ordinateurs avec correspondance compromise
- 847 contrats suspects sur la période 2014-2024
- 3 420 factures fictives pour 18,2 millions d’euros
- 156 relevés bancaires révélant les circuits de blanchiment
- 89 témoignages d’employés et de locataires
Témoignages d’Employés Complices
L’enquête a révélé l’existence d’un réseau de complicités internes particulièrement étendu. Plusieurs employés de l’ex-OPH, corrompus ou contraints, ont participé activement au système de détournement, facilitant l’attribution frauduleuse de marchés et la manipulation des comptes.
Ces témoignages révèlent un climat de peur et de chantage maintenu par Berrebi pour s’assurer la complicité de ses équipes. Plusieurs employés ont accepté de collaborer avec la justice en échange d’une promesse de clémence, fournissant des éléments décisifs pour reconstituer l’organisation criminelle.
VII. LES CONSÉQUENCES DU DOUBLE SCANDALE
Impact sur les Finances Publiques
Les détournements opérés par l’ex-OPH de Bobigny ont eu un impact considérable sur les finances publiques. Les 18 millions d’euros détournés représentent autant de fonds qui auraient dû servir à la construction, la rénovation et l’entretien de logements sociaux dans un département où les besoins sont considérables.
Au-delà du préjudice direct, ces pratiques ont généré des coûts indirects importants : frais d’enquête, coûts de la mise sous administration provisoire, indemnisations des victimes, et surtout perte de confiance des citoyens dans les organismes publics de logement social.
IMPACT FINANCIER TOTAL DU SCANDALE
Détournements directs : 18 millions €
Charges abusives aux locataires : 3,2 millions €
Coûts de gestion de crise : 2,1 millions €
PRÉJUDICE TOTAL : 23,3 millions €
Préjudice pour les 4000 Locataires
Les 4 000 familles logées par l’ex-OPH de Bobigny ont subi un préjudice multiple : financier par les charges abusives, matériel par la dégradation du patrimoine non entretenu, et moral par la trahison de leur bailleur public. Ce préjudice, quantifié à plus de 3,2 millions d’euros, ne prend pas en compte l’ensemble des conséquences indirectes.
La dégradation accélérée du patrimoine immobilier, résultant du détournement des fonds destinés à l’entretien, constitue un préjudice supplémentaire pour les locataires qui voient leurs conditions de vie se détériorer progressivement. Les conséquences de cette négligence se feront sentir pendant des années.
Nécessité de Mise Sous Tutelle
L’ampleur des dysfonctionnements constatés a contraint l’État à dissoudre l’OPH de Bobigny et à créer Seine-Saint-Denis Habitat sous administration provisoire. Cette mesure exceptionnelle, rare dans le secteur du logement social, témoigne de la gravité de la situation et de l’incapacité de l’organisme à se réformer de l’intérieur.
L’administration provisoire, confiée à un administrateur nommé par la préfecture, a pour mission de restaurer une gestion saine, d’indemniser les victimes et de rétablir la confiance entre l’organisme et ses locataires. Cette phase de transition, prévue pour durer au moins trois ans, constitue un défi considérable.
VIII. LES PROCÉDURES JUDICIAIRES EN COURS
Mise en Examen de Jonathan Berrebi
Jonathan Berrebi, mis en examen le 28 novembre 2024, fait face à des accusations particulièrement graves qui pourraient lui valoir jusqu’à quinze ans d’emprisonnement et plusieurs millions d’euros d’amende. La complexité du dossier et le nombre d’infractions retenues font de cette affaire l’une des plus importantes de la décennie dans le secteur du logement social.
Placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de paraître en Seine-Saint-Denis et obligation de pointer quotidiennement au commissariat de son domicile, l’ex-président de l’OPH voit ses avoirs saisis à hauteur de 12 millions d’euros en garantie des réparations dues aux victimes.
Autres Mis en Cause
L’enquête a également conduit à la mise en examen de neuf autres personnes, dont trois frères dirigeants d’entreprises du BTP ayant bénéficié de marchés truqués, quatre employés de l’ex-OPH ayant participé au système frauduleux, et deux élus locaux soupçonnés de complicité.
RÉSEAU CRIMINEL DÉMANTELÉ
- Jonathan Berrebi : Organisateur principal, détournement de 18M€
- Les frères Koita : Entreprises complices, 10,3M€ de marchés frauduleux
- 4 employés de l’OPH : Complicité et blanchiment
- 2 élus locaux : Soupçons de corruption active
- 2 intermédiaires : Facilitateurs et blanchisseurs
Perspectives de Procès
Le procès de cette affaire exceptionnelle devrait se tenir courant 2026 devant le tribunal correctionnel de Bobigny. La complexité du dossier, qui comprend plusieurs milliers de pièces et implique de nombreuses parties civiles, nécessite une instruction particulièrement approfondie.
Les associations de locataires et la commune de Bobigny se sont constituées parties civiles pour obtenir réparation du préjudice subi. L’État envisage également de se porter partie civile au titre des fonds publics détournés, ce qui pourrait conduire à des demandes de dommages-intérêts considérables.
IX. LA RÉFORME ET LA MISE SOUS SURVEILLANCE
Création de Seine-Saint-Denis Habitat
Seine-Saint-Denis Habitat, créé en janvier 2025 pour succéder à l’ex-OPH de Bobigny, fonctionne selon des règles de gouvernance entièrement repensées. L’administrateur provisoire, Maître Catherine Delalande, ancienne magistrate spécialisée en droit public, a mis en place des procédures de contrôle strictes pour éviter la reproduction des dérives passées.
Le nouvel organisme dispose d’un conseil de surveillance comprenant des représentants de l’État, des collectivités locales, mais aussi des associations de locataires et de la société civile. Cette gouvernance élargie vise à garantir une transparence totale dans la gestion et à prévenir les dérives autoritaires.
Nouvelles Procédures de Contrôle
Seine-Saint-Denis Habitat fonctionne sous un régime de contrôle renforcé inédit dans le secteur du logement social français. Tous les marchés publics supérieurs à 10 000 euros doivent recevoir un avis préalable de la préfecture, les comptes font l’objet d’un audit trimestriel par un cabinet indépendant, et les décomptes de charges sont systématiquement vérifiés par une commission associant locataires et experts.
NOUVELLES MESURES DE CONTRÔLE
- Validation préfectorale : Tous marchés > 10 000€
- Audit trimestriel : Contrôle comptable indépendant
- Commission de charges : Vérification avec les locataires
- Transparence totale : Publication en ligne de tous les comptes
- Conseil de surveillance : Gouvernance élargie avec la société civile
Mesures de Transparence Renforcée
L’une des innovations majeures introduites par Seine-Saint-Denis Habitat concerne la transparence absolue de sa gestion. Tous les documents comptables, les contrats de marchés publics, les décomptes de charges et les comptes-rendus du conseil de surveillance sont publiés en temps réel sur le site internet de l’organisme.
Cette transparence s’accompagne d’un droit d’accès élargi pour les locataires, qui peuvent désormais consulter l’ensemble des documents concernant la gestion de leur résidence et poser des questions directement aux gestionnaires via une plateforme numérique dédiée.
CONCLUSION : VERS UNE REFONDATION DU LOGEMENT SOCIAL
BILAN DU SCANDALE SEINE-SAINT-DENIS HABITAT
L’affaire Seine-Saint-Denis Habitat constitue le plus grand scandale de corruption jamais révélé dans le logement social français. 18 millions d’euros détournés, 4 000 familles spoliées, un réseau criminel organisé au cœur d’un service public : cette affaire dépasse toutes les dérives précédemment connues dans le secteur.
Le scandale de l’ex-OPH de Bobigny révèle l’ampleur des dysfonctionnements qui peuvent affecter les organismes publics lorsque les mécanismes de contrôle défaillent et que la gouvernance se dégrade. Il illustre également la vulnérabilité particulière des populations les plus précaires, doublement victimisées par la corruption de leurs propres institutions de protection.
Cette affaire pose des questions fondamentales sur le fonctionnement du service public du logement en France. Comment un organisme public, financé par l’argent des contribuables et contrôlé par les collectivités, a-t-il pu devenir le théâtre de détournements d’une telle ampleur ? Quelles défaillances du système ont permis cette dérive ?
Leçons à Tirer pour le Secteur HLM
L’analyse de cette affaire révèle plusieurs dysfonctionnements structurels du secteur HLM français qui dépassent le simple cas de Bobigny. La faiblesse des contrôles exercés par les tutelles, l’opacité des procédures de gestion, l’insuffisante association des locataires aux décisions qui les concernent, et la concentration excessive des pouvoirs entre les mains des dirigeants constituent autant de facteurs de risque.
La réforme du secteur doit s’appuyer sur les leçons de cette affaire pour renforcer la gouvernance des organismes, améliorer les mécanismes de contrôle et garantir une transparence totale dans l’utilisation des fonds publics et des charges des locataires.
RÉFORMES URGENTES POUR LE SECTEUR HLM
- Gouvernance démocratique : Association obligatoire des locataires
- Contrôles renforcés : Audit annuel systématique par la Cour des comptes
- Transparence totale : Publication obligatoire de tous les comptes
- Sanctions dissuasives : Dissolution automatique en cas de corruption
- Protection des lanceurs d’alerte : Procédures sécurisées de signalement
Perspectives de Réforme Nationale
Face à l’ampleur du scandale Seine-Saint-Denis Habitat, le gouvernement a annoncé un plan de réforme global du secteur du logement social qui entrera en vigueur dès 2025. Ce plan, élaboré en concertation avec les associations de locataires et les professionnels du secteur, vise à prévenir la reproduction de telles dérives.
Les principales mesures prévues incluent la généralisation du contrôle renforcé à tous les organismes HLM, la création d’une instance nationale de surveillance indépendante, l’obligation de publication des comptes en temps réel, et l’instauration de sanctions automatiques en cas de manquement aux obligations de transparence.
Ces réformes, si elles sont effectivement appliquées avec fermeté, pourraient marquer un tournant historique pour le logement social français. Elles visent à restaurer la confiance entre les organismes HLM et leurs locataires, condition indispensable au bon fonctionnement de ce secteur essentiel pour la cohésion sociale.
L’année 2025 sera décisive pour Seine-Saint-Denis Habitat et l’ensemble du secteur du logement social français. Les réformes annoncées, le procès à venir de Jonathan Berrebi et de ses complices, et surtout la capacité des locataires à maintenir leur vigilance détermineront si cette affaire aura marqué un tournant vers plus d’éthique et de transparence dans le logement social.
Au-delà des aspects juridiques et financiers, cette affaire pose une question essentielle sur les valeurs qui doivent guider l’action publique en France. Le service public du logement, destiné aux plus démunis, ne peut tolérer les dérives qui ont été révélées à Bobigny. La refondation de ce secteur constitue un enjeu majeur pour la justice sociale et la cohésion de notre société.
Les 4 000 familles victimes de l’ex-OPH de Bobigny attendent désormais justice et réparation. Leur combat pour obtenir le remboursement des charges abusives et la condamnation des responsables constitue un test décisif pour notre système judiciaire et notre démocratie. L’issue de cette affaire déterminera la crédibilité de l’État dans sa mission de protection des plus vulnérables.